Je remercie le ciel d’être une femme car j’aime la sexualité féminine. Je la trouve irrésistiblement complexe. Si cette complexité nous rend vulnérables, elle ouvre aussi la porte à tellement de possibilités.
En matière de sexualité qu’est-ce qui est vraiment important? Le respect, le consentement, l’écoute et la bienveillance entre partenaires. Une fois ces conditions remplies, tout devient possible et nous pouvons, nous femmes, vivre pleinement notre sexualité.
Je m’excuse auprès de nos consoeurs lesbiennes, car je ne connais rien à leur sexualité, mais je trouve magnifique par exemple l’acte de pénétration. Si à première vue nous le subissons, nous contentant de « recevoir » un organe invasif, de nous ouvrir au vouloir masculin, il peut dans le même temps s’accompagner d’un sentiment de puissance.
Quel plaisir de sentir cette succession de signes physiologiques qui précèdent ce moment central d’un rapport sexuel! L’attente puis l’invasion d’un sexe autre. Parfois je regarde des films et je fais avancer jusqu’à ce moment précis. Idem quand je lis des romans pour adultes, je sais quand approche le moment où l’héroïne va être prise. Ces gros plans sur une verge tendue s’enfonçant dans une chatte humide… ces récits dans lesquels une femme souvent innocente, mais curieuse (ce sont mes préférés, j’y reviendrai) laisse entrer un homme en elle tout cela monte à mon cerveau et ébranle mon système hormonal.
Toutes ces cellules qui s’affolent dans mon bas-ventre, mes lèvres et mon clitoris qui se gorgent de sang, mes muqueuses qui se lubrifient parfois de manière impressionnante (la femme-fontaine n’est pas un mythe), un vrai déluge de cyprine, sans parler des envies pas toujours faciles à assumer. Comment dire cette envie de me faire « baiser », « défoncer », sans avoir l’impression de trahir la cause féminine? Mais je dis au diable le discours féministe qui pollue ma quête d’épanouissement sexuel !
Nous pourrions nous sentir faibles, car soumises à la fois au masculin et à nos propres hormones. Sans même parler du jugement intériorisé sur la femme trop sexuelle, la célèbre salope.
Mais lorsque je sens mon corps se préparer à être envahi par un pénis que j’ai voulu, je me sens puissante, car le plaisir mutuel dépendra autant de la qualité de l’accueil que de l’habileté du visiteur.
Mon plaisir vient de cette ambivalence: cette sensation d’être forte et faible à la fois, soumise et enthousiaste, envahie et affamée. J’aime sentir que j’avale, j’enveloppe, j’absorbe cet organe dur, viril, presque contondant qu’on aurait dit programmé pour conquérir, pour blesser même…
L’acte sexuel peut être comparé à une danse mais il prend parfois des airs d’affrontement. Dans ce face à face je n’ai peut-être pas d’arme qui impressionne comme peut le faire un pénis en érection, mais je suis loin d’être désarmée, ma force est ailleurs.
C’est la quête de cette force qui rend notre sexualité à nous femmes, plus intéressante.